L’INTERDICTION DES IMAGES DANS L’ANCIEN TESTAMENT

La tradition iconographique orthodoxe prend en compte la deuxième « parole de Vie » donnée à Moïse au Sinaï (Exode 20, Deutéronome 5). Elle considère que cette Parole était une préparation à la venue du Messie et est un avertissement sur le danger des images

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Une préparation à la venue du Christ

Toute l’Ancienne Alliance peut-être considérée comme une ascèse (une discipline) préparatoire à la venue du Messie. Pour cela, la révélation s’est faite autour de l’importance d’écouter la Parole et d’accepter de ne pas voir. (Ce qui n’empêchait pas Moïse qui parlait au Seigneur comme un ami de soupirer du désir de le voir : « Ah, laisse moi voir ton visage !» (Ex 33,20)
Avec la venue de Jésus, Dieu accomplit ses promesses au-delà de ce que les hommes pouvaient imaginer : c’est le Seigneur lui-même qui se révèle aux hommes pour les sauver : « Heureux vos yeux parce qu’ils voient et vos oreilles parce qu’elle entendent. a dit Jésus (Mat 13,16).
Tous les premiers temps ont considéré cette joie de voir comme celle de la réalisation par le christianisme des promesses de l’Ancienne Alliance.

L’interdiction des images a donc été comme une pédagogie pour nous conduire à la révélation de la venue du Christ. «  Ne faites pas d’image de Dieu tant que vous ne l’avez pas vu ». Si une telle image avait été faite, elle serait fondée sur l’imagination, le fantasme, un mensonge.

La loi était comme un mur, et ce mur devait rester sans image tant que le Seigneur ne s’était pas révélé. « La loi possède une ombre des biens à venir et non l’image elle-même des choses » (He 10,1)
Dieu est invisible, nous ne pouvons pas le représenter.
L’homme ne peut (et ne doit) pas représenter Dieu invisible et au-delà de tout. Mais l’Invisible Lui-même s’est rendu visible par son incarnation. « Celui qui m’a vu a vu le Père (Jn 14,9). Nous ne représentons pas le Père (ce qui serait une création de notre imagination) mais le Père rendu visible à travers son Fils. C’est donc lui qui est représenté, tel qu’Il s’est révélé.
Cette révélation a été conservée dans l’Eglise par la Tradition, réactualisation permanente des Ecritures par l’Esprit Saint.
Dieu seul peut se révéler Lui-même. C’est pourquoi l’icône est toujours liée à la réalité, à une Parole de l’Ecriture. Elle ne cherche jamais à illustrer une idée, même théologique.

Un avertissement sur le danger d’idolâtrie des images

Si nous considérons ces Paroles telles qu’elles sont traditionnellement présentées (en deux parties qui s’éclairent l’une l’autre), il apparaît que la tradition juive a compris l’idolâtrie avant tout comme un adultère : l’idolâtrie prend pour objet de culte, d’amour infini, un objet créé alors que Dieu seul en est digne. L’interdiction des images avait pour but d’éviter l’idolâtrie et celui de nos sens qui nous conduit à idolâtrie et à l’adultère est la vue (source de la convoitise).
La tradition iconographique prend au sérieux cet avertissement contre le danger d’idolâtrie. Celle-ci peut pénétrer dans le culte par le biais de la création artistique
La grande querelle des iconoclastes a obligé les Eglises d’Orient à clarifier leur théologie de l’image. Les Eglises se sont attachés à dénoncer toute confusion entre l’icône et les autres représentations, qui n’ont pas leur place dans le culte.

La querelle des iconoclastes

Loin d’être culturellement unifié, l’Empire byzantin fut traversé par des courants intellectuels et culturels variés. Concernant les icônes, par exemple, l’unanimité était loin d’être acquise. Il faut du temps pour entrer dans certaines conséquences de la folie de Dieu qui s’est fait homme.
Durant la querelle iconoclaste (années 724à 843), le pouvoir impérial lutta contre de manière extrêmement brutale la dévotion envers les icônes. Toutes les icônes devaient être détruites. Les martyrs (ceux qui voulaient protéger les icônes) furent nombreux, surtout parmi les moines et les femmes. Des couvents furent transformés en caserne ou en bains publics. Seuls certains lieux éloignés de Constantinople purent conserver certaines images anciennes (Monastère Sainte Catherine, Rome…)
Certes, certaines formes marginales que prenait le culte des images étaient réellement idolâtriques. Au-delà des luttes de pouvoir qui firent rage, les églises orientales ont surtout retenu que ce fut l’occasion d’approfondir leur réflexion grâce en particulier à Saint Jean Damascène, dont la profondeur et la finesse spirituelle rallia l’ensemble des fidèles.

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